Fin du XIIe siècle : la propagation de la lèpre et la terreur qu’elle suscite, incitent Guillaume, 55e évêque d’Auxerre et seigneur de Varzy, à doter sa châtellenie d’une maladrerie, annexée à l’Hôtel-Dieu qui lui assure l’hébergement des pauvres. Varzy, qui accueille de nombreux pélerins venus vénérer les reliques de la collégiale Sainte-Eugénie, est propice à la propagation de la lèpre. Ils faisaient étape à Varzy avant de regagner Nevers ou La Charité.
Dès 1219, la gestion de cet établissement de charité et notamment les soins prodigués aux malades,relèvent des religieux de l’abbaye de Montjou dans les Alpes4 dont l’évêque Guillaume de Seignelay, 58e évêque d’Auxerre, s’est assuré la précieuse collaboration.
Situé à près de 3 km au sud du bourg, on accédait au site par le chemin des ladres. Les lépreux étaient accueillis dans de modestes bâtisses en bois. La charité chrétienne de l’époque conduit les seigneurs-évêques, chanoines, bourgeois ou encore habitants de Varzy à offrir à la maladrerie legs, dons, héritages, rentes en grains et argent. c’est ainsi
que les langues des boeufs et vaches abattus par les bouchers à Varzy étaient offertes aux lépreux qui en percevaient le montant. En contrepartie, chaque année au commencement du Carême, les ladres célébraient une messe à l’intention des bouchers défunts. Ce droit de « langeyage » subsista jusqu’au
XVIIIe siècle.La maladrerie possédait une 30aine de journaux de terres et prés et 50 arpents de forêts. Ses occupants assuraient leur subsistance en vaquant, selon les saisons, aux activités agraires, pastorales ou
forestières.
Au fil des années, la maladrerie se structure et une authentique communauté prend forme avec ses demeures, sa halle, son lieu de culte, sa source, son cimetière implanté à l’est au sommet de la colline où quelques modestes croix de pierres ont été exhumées.
La construction vers la fin du XIIe siècle, d’un lieu de culte dédié à Saint-Lazare, patron des ladres, atteste de l’importance prise par l’établissement qui accueille les malades de Varzy, Oudan et de La Chapelle-St-André.
A la fin du XVe siècle, la lèpre a disparu et le site accueille les pauvres de passage. Les revenus sont affectés à un ecclésiastique du diocèse, chargé de l’entretien des lieux, d’assurer l’entretien de la chapelle et de la pérennité du culte qui a lieu tous les vendredis. En 1672, un édit royal confisque les biens des maladreries alors attribués aux ordres de Saint-Lazare de Jérusalem et du Pont Carmel, qui accueillaient les anciens militaires.
Cette mesure est annulée en 1696, au profit de l’Hôtel-Dieu de Varzy qui redevient propriétaire de la chapelle, des bois et des terres. Il en assurera l’entretien tant bien que mal jusqu’en 1940, date à laquelle on supprime le culte. Elle sera dès lors laissée totalement à l’abandon.
Sauvée de la destruction par la Société populaire de Varzy, la chapelle est privée de sa cloche, fondue en 1794 pour être convertie en menue monnaie, à l’image des lieux de culte.
En 1833, l’abbé Charton, curé de Varzy, adresse une courrier au Conseil municipal faisant savoir « que le voeu général des habitants de Varzy est d’obtenir les réparations les plus urgentes de la Chapelle Saint-Lazare qui menace une chute prochaine ». Il précise aussi qu’elle attire journellement la vénération des fidèles unanimes à souhaiter sa conservation.
En 1863, le clocher retrouve une nouvelle cloche acquise par souscription. Pour éviter son vol, suite à l’effraction de la porte du clocher, elle est conservée et présentée au Musée de Varzy.
Depuis 1931, le site est inscrit au titres des monuments historiques.
Le 11 mai 1972, le préfet Jacques Gandouin, lors de sa première sortie de la Camosine, découvre un édifice avec une toiture en partie béante, des murs éventrés, un auvent croulant, une nef et un choeur victimes des récupérateurs de matériaux :
? 2 sculptures descellées dont une tête d’abbesse de belle facture surmontant le portail latéral
? les moulures du porche
? des éléments de dallage
Une vierge en bois polychrome et un élément de calvaire, ont été préservés du vol par Rex Barrat,conservateur du musée. Mais l’élément de calvaire a été volé au Musée.
En 1976, la chapelle ainsi que la forêt environnante sont vendues par L’hospice à l’Office National des Eaux et Forêts, qui acceptera, par voie d’échange, de céder à la Ville l’édifice et 8 000 mètres de terrain mis à la disposition des Amis du Vieux Varzy en janvier 1979.
Elle est enfin restaurée entre 1977 et 1982 grâce à un investissement de 77 000 €.