La réserve naturelle nationale du Sabot de Frotey-lès-Vesoul est un plateau calcaire à l'origine recouvert par une forêt, exploitée dès le Moyen-Age. Par la suite, le site fut consacré à diverses cultures et au pâturage itinérant. Il avait un rôle économique important : les habitants de Frotey pouvaient y mener paître leurs vaches, chèvres et moutons. Ces pratiques ont longtemps permis de conserver un paysage ouvert de pelouses sèches.
Après 1960, le Sabot a été abandonné au profit de pâturages plus productifs. Ceci a eu pour effet un début d'envahissement des pelouses par les arbres et les arbustes comme le pin noir d'Autriche et le buis.
La réserve nationale a été créée en 1981, sur 98 hectares de la commune de Frotey, dans le but de préserver les pelouses qui présentent un intérêt écologique élevé. Pour limiter l'expansion des ligneux sur la pelouse, on pratique depuis 1988 des coupes (pins, buis, épineux ...) et depuis 1992 des fauches tardives sur certains secteurs. Depuis 2000, un petit troupeau de moutons a été réinstallé qui contribue, par son pâturage extensif, à une bonne diversité de la flore et de la faune. Cette configuration est donc favorable à l’expression de plantes et animaux de milieux chauds et secs, peu fréquents dans le secteur.
Parmi plus de 380 plantes inventoriées, rares ou plus banales, on peut souligner le cas de l’hélianthème des Apennins qui fleurit abondamment de mai à juin sur la corniche. Une vingtaine d’espèces d’orchidées se partagent les pelouses, haies et taillis clairs.
Parmi les nombreux oiseaux, on note la présence de l’engoulevent d’Europe, étrange oiseau crépusculaire et nocturne qui dépend de la riche faune entomologique, dont les orthoptères (grillons, criquets et sauterelles) et les papillons nocturnes (plus de 500 espèces). Des inventaires (papillons, champignons ...) et suivis scientifiques divers (orthoptères, oiseaux, orchidées, groupements végétaux ...) permettent de suivre l’évolution de la faune et de la flore, ainsi que l’impact des travaux de génie écologique.
La Réserve est pour moitié communale, pour moitié partagée entre plusieurs dizaines de parcelles privées. Le promeneur, qui est le bienvenu, est cependant invité à respecter soigneusement les barrières, portillons et clôtures. Il accède librement aux sentiers balisés qui conviennent parfaitement à une ou plusieurs visites naturalistes de la Réserve. Non loin de là, se trouvent un aérodrome de tourisme et un circuit de moto-cross.
La visite de la réserve intéressera les enfants à partir de 10 ans. Un certain nombre de panneaux favorise la compréhension du site. Cependant,un grand respect de la faune et de la flore est demandé aux visiteurs. Activité gratuite et non accessible en poussette.
9Km, 3h, 120m de dénivelé !
La légende du sabot de Frotey:
C’était au temps des croisades quand, un soir, un chevalier, tout de noir vêtu, monté sur un cheval tout aussi noir, vint frapper à la porte du château de Montaigu, commandant la vallée du Durgeon. Le Seigneur du lieu était parti en Terre-Sainte, laissant dans la place sa jeune et belle épouse, qui, avec l’assentiment de son chapelain, accorda l’asile au voyageur.
Conteur fabuleux, le chevalier ne lassait pas d’enthousiasmer son assistance durant les veillées. La jeune noble fut même proche de tomber sous son charme. Sentant qu’il pouvait mettre à l’épreuve la vertu de la gente dame, le diable, car c’était de lui qu’il s’agissait, entreprit de séduire la belle.
Ce soir-là, il lui conta fleurette et sentit qu’elle n’était pas loin de succomber à ses galanteries et à ses propos tendres. Quand une trompette retentit au lointain. C’était le Seigneur qui revenait de Croisade. Le Diable, épouvanté, s’enfuit séance tenante.
Sautant par la fenêtre, il perdit dans sa course un sabot qui, par magie, se pétrifia dans l’instant. Ce sabot du Diable est encore visible aujourd’hui et témoigne de la vertu sauvegardée de la belle dame.